La ville de Tanger en première ligne… 334 000 appartements vides dans le nord du Maroc
La région de Tanger–Tétouan–Al Hoceïma fait face à une véritable contradiction en matière de logement : alors que la demande, notamment de la part des ménages à faibles revenus, reste très forte, les données officielles révèlent l’existence de près de 334000 appartements inoccupés. Cela représente 15,6 % du parc national de logements vacants, plaçant la région au deuxième rang à l’échelle nationale, juste derrière Casablanca–Settat.
À Tanger, le phénomène est encore plus marqué, puisque les appartements vides représentent près de 18 % du parc résidentiel total. Une grande partie de ces biens appartient à des Marocains résidant à l’étranger (MRE), qui ne les occupent que de manière ponctuelle, principalement lors de leurs séjours au Royaume. Cette faible occupation a des conséquences directes sur l’accès au logement pour la population locale à faibles revenus, qui peine à trouver un habitat décent.
Face à cette situation, les autorités, appuyées par les forces auxiliaires, ont mené en février dernier une opération visant à libérer certains appartements abandonnés et occupés illégalement par des migrants subsahariens en situation irrégulière. Ces occupations étaient perçues comme une menace pour la sécurité des riverains.
Par ailleurs, en mars 2023, le gouvernement a lancé un programme d’aide destiné aux primo-accédants, offrant une subvention directe allant de 70 000 à 100 000 dirhams selon la valeur du bien, afin de faciliter l’accès à la propriété. Mais ces mesures n’ont pas encore permis de réduire de manière significative le phénomène du logement vacant.
De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour demander une intervention plus ferme de l’État. Certains appellent à un examen approfondi de la propriété de ces appartements, notamment ceux construits dans le cadre de programmes de logement économique bénéficiant de subventions publiques. D’autres préconisent la mise en place de mécanismes plus contraignants, tels que l’instauration d’une taxe sur les logements laissés vides pendant une longue durée, ou encore des incitations à la location à des prix abordables.
Ainsi, une question persiste : comment une région qui compte des centaines de milliers de logements vides peut-elle, en même temps, faire face à une crise du logement qui frappe de plein fouet ses habitants ?