Les travaux de la 17ème Conférence mondiale Villes & Ports se sont ouverts, mercredi à Tanger, sous le thème « Inspiring blue futures » (des futurs bleu inspirants), avec la participation d’un parterre de décideurs politiques et économiques, de chercheurs, d’acteurs du développement durable et d’experts marocains et étrangers.
Organisé par l’Association internationale des villes portuaires (AIVP), en partenariat avec la Société d’aménagement de la zone portuaire de Tanger ville (SAPT), ce rassemblement mondial des acteurs du développement durable de la ville portuaire a pour objectifs de faire le point sur les enjeux, s’inspirer des projets et trouver les contacts et les partenaires nécessaires à la mise en œuvre des stratégies.
Au travers du concept « Inspiring Blue Futures », l’AIVP, une ONG qui rassemble depuis 30 ans les acteurs urbains, portuaires et leurs partenaires dans le monde entier, entend souligner le rôle de première importance qu’ont à jouer les villes portuaires dans cette mission et sur des questions cruciales pour l’avenir de nos sociétés, de notre économie et de notre environnement.
S’exprimant à cette occasion, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a souligné l’importance de la thématique choisie pour cette édition, qui invite clairement les participants à partager, échanger et s’inspirer mutuellement pour un futur meilleur, un futur où l’économie bleue inclusive et durable est au cœur des préoccupations des villes portuaires.
« Cette thématique me tient particulièrement à cœur, vu que j’ai contribué personnellement à la réflexion nationale autour de l’Economie bleue comme pilier d’un nouveau modèle de développement au Maroc », a fait savoir le ministre, relevant que le Maroc jouit d’un capital maritime important et dispose d’un potentiel réel en matière d’économie bleue, à la faveur de sa position géographique stratégique, ses deux façades maritimes s’étalant sur 3.500 km, son littoral, et ses ressources halieutiques et énergétiques.
M. Baraka a affirmé que le Maroc ambitionne d’adopter une stratégie nationale de l’économie bleue durable et inclusive, adaptée aux vocations régionales et déployée autour des secteurs économiques traditionnels (la pêche, le tourisme et les activités portuaires), tout en développant de nouveaux secteurs porteurs de forts potentiels de croissance (aquaculture, écotourisme, biotechnologies, construction navale, etc.), notant que la mise en œuvre de cette stratégie passera certainement par la mise en place d’une gouvernance appropriée, et un renforcement du rôle central des territoires dans le développement des secteurs de l’économie bleue dans le cadre de la régionalisation avancée.
Il a relevé que son département, ainsi que les autorités portuaires et les acteurs du secteur, sont conscients du rôle que peuvent jouer les ports comme accélérateurs de la transition écologique et énergétique, et de la contribution qu’ils peuvent apporter à l’atteinte des objectifs de développement durable, en l’occurrence, l’adaptation aux changements climatiques, la réduction des Gazs à effet de serre, la prévention et la lutte contre la pollution marine et la bonne gestion des déchets, se disant convaincu que le débat constructif, engagé lors de cette importante conférence, débouchera sur des propositions et des recommandations pertinentes, qui auront assurément des retombées positives pour le développement durable des villes et des ports.
Pou sa part, le président de l’AIVP, Edouard Philippe, s’est réjoui de la tenue de cette conférence à Tanger, après deux reports en raison de la pandémie de la Covid-19, remerciant les autorités marocaines qui font l’honneur à tous les adhérents de l’Association d’ouvrir ce rendez vous mondial des villes portuaire.
« Nous sommes réunis pour réfléchir, pendant deux jours, à l’avenir de nos villes portuaires », a indiqué M. Philippe, ajoutant « l’objectif que nous partageons est clair : assurer la prospérité de nos villes portuaires, et leur exemplarité en termes d’empreinte environnementale, ce qui implique que les villes, les ports et tous les acteurs de la mer s’entendent pour que les activités portuaires continuent à se développer sans menacer notre poumon bleu qu’est l’océan ».
Il a assuré que l’AIVP a posé des jalons importants ces dernières années et oeuvré pour que les villes cessent de s’étaler, et se reconstruisent plutôt sur leurs terrains portuaires, rappelant que l’Association est dotée d’un Agenda 2030 qui adapte les 17 objectifs de développement durable de l’ONU au contexte des cités portuaires.
M. Philippe a fait savoir que les études scientifiques les plus poussées évoquent le risque d’une sixième extinction de masse des espèces, à l’ère de l’anthropocène, et la vitesse d’érosion de la biodiversité est, aujourd’hui, cent à mille fois plus rapide que celle des époques géologiques antérieures, ajoutant que « le temps est donc à l’action collective, notamment pour les villes portuaires que nous représentons aujourd’hui ».
« C’est un défi qui demande de concilier beaucoup de contraintes, mais qu’il faut appréhender comme une chance en termes d’innovation, de commerce international, d’échanges scientifiques et humains », a-t-il lancé, soulignant que la transition énergétique des villes portuaires demande de valoriser les potentiels techniques, qui sont considérables, à travers notamment la transformation des zones industrialo-portuaires en plateformes d’écologie industrielles, ainsi que de construire un socle commun qui engage les décideurs urbains et portuaires autour d’une même vision.
De son côté, le PDG de la SAPT, Mohamed Ouanaya, a mis l’accent sur l’importance de ce rendez-vous tant attendu, qui se tient pour la 1ère fois au Maroc, se disant heureux et fier que la ville de Tanger ait été désignée par l’Assemblée générale de l’AIVP pour abriter cette conférence mondiale, rendez-vous incontournable pour tous les acteurs intervenant dans le développement des villes portuaires, qui a pour objectif d’échanger les expertises, les bonnes pratiques et le savoir-faire en relation avec le développement durable des villes portuaires et l’économie bleue.
M. Ouanaya a noté que la ville de Tanger a connu, au cours de ces dix dernières années, un essor économique considérable et s’est complètement métamorphosée, faisant ainsi de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima un pôle économique émergent au niveau national et international, et devenant une destination touristique prisée qui attire de plus en plus d’investisseurs, grâce notamment à la réalisation de nombreux projets structurants, tels que le Complexe portuaire Tanger Med, Tanger Free Zone, la mise en service de la LGV Casablanca-Tanger, un réseau d’autoroutes permettant de relier Tanger aux principales villes du Royaume, le programme Tanger Métropole, la cité Mohammed VI Tanger Tech, le projet de reconversion de la zone portuaire et le programme de réhabilitation et de revalorisation de la Médina de Tanger.
Il a précisé que le Projet de reconversion de la zone portuaire de Tanger Ville, initié par SM le Roi Mohammed VI, et dont la réalisation a été confiée à la SAPT aux termes d’une Convention-cadre conclue avec l’Etat le 3 mars 2010, a pour objectifs de permettre à la ville du Détroit de se positionner en tant que destination phare du tourisme de croisière et de plaisance à l’échelle internationale, et de créer un lieu de vie pour tous et le faire dans le respect de la riche histoire du lieu, relevant qu’au-delà de ce concept, la SAPT et la Société de gestion du port de Tanger ville (SGPTV) font de la relation ville-port une priorité et focalisent tous leurs efforts pour un développement durable de Tanger et de son port, dans le respect de l’environnement.
Le responsable a rappelé que le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, montre à toutes les occasions un engagement sans faille pour l’économie bleue, relevant que cette réunion sera l’occasion de se pencher sur des problèmes et des sujets de préoccupation communs, de partager des expériences et des connaissances, en particulier en ce qui concerne les projets dans le domaine de l’économie bleue, et d’examiner et rechercher des solutions innovantes pour le développement durable des villes portuaires.
Quant au président du Conseil communal de Tanger, Mounir Laymouri, il a estimé que l’économie bleue ouvre des perspectives prometteuses pour les villes portuaires, soulignant le rôle important qu’ont à jouer ces villes en matière d’adaptation au changement climatique, de transition énergétique, de protection de la biodiversité, de développement de la culture maritime, de tourisme durable, et de promotion des liens socio-culturels entre l’économie bleue, le port et les habitants.
Il a, à cet égard, noté l’importance des développer de nouvelles approches en matière de tourisme côtier durable et de systèmes alimentaires, d’impliquer les scientifiques et les chercheurs dans cette dynamique, et de tirer profit des opportunités que présentent les technologies de l’information et de la communication (TIC), et des bonnes pratiques, en vue de valoriser les actions et initiatives en faveur du développement durable.
La cérémonie d’ouverture de cet événement, qui se tient en présentiel et à distance, s’est déroulée en présence notamment du Wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, du président du Conseil régional, Omar Moro, du DG de l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN), Mounir El Bouyoussfi, du DG du Centre régional d’investissement (CRI) de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Jalal Benhayoun, du directeur général adjoint de l’Autorité portuaire Tanger Med, Hassan Abkari, et de plusieurs personnalités de haut niveau.
Plusieurs thématiques seront traitées lors de cette conférence de trois jours, notamment « Nouveaux dialogues pour une mer Méditerranée durable : quel rôle pour les villes portuaires ? », « AIVP Solution Hub : Innovations numériques pour un avenir bleu », « Principes, défis et leviers de l’économie bleue », « AIVP Solution Hub : Innovations technologiques pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique », les « Systèmes alimentaires durables: l’initiative Blue Ports, en coopération avec la FAO », précise AIVP, « Préparer le capital humain pour l’économie bleue : Nouveaux emplois et éducation », et « Gouvernance renouvelée des villes portuaires : co-construction avec la communauté locale ».
Cet événement sera marqué également par la tenue de l’Assemblée générale de l’AIVP, et la visite de Cap Spartel et du Port Tanger Med.